Les présidents ukrainien,
Viktor Ianoukovitch, et russe,
Dmitri Medvedev, se sont retrouvés sur les lieux
du drame. Le président russe y a annoncé avoir
envoyé à ses homologues étrangers des propositions
pour une convention internationale sur la sécurité
nucléaire.
"J'ai envoyé aujourd'hui aux
dirigeants des plus grands pays, à nos amis et
partenaires de la Communauté des Etats indépendants,
et bien sûr à l'Ukraine, des propositions visant à
assurer le développement nécessaire de la sécurité
nucléaire dans le monde", a-t-il déclaré.
Ces
mesures visent notamment à empêcher, en cas
d'accident, le développement "de conséquences
catastrophiques mondiales". "En clair, il
faut réfléchir à la préparation de nouvelles
conventions internationales", a ajouté le
président russe. Il s'exprimait lors d'une cérémonie
commémorant l'accident de 1986 à la centrale
nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, qui a entraîné
la contamination d'une partie de l'Europe. La
centrale de Tchernobyl n'a été définitivement fermée
qu'en décembre 2000, mais
le réacteur accidenté recouvert d'une chape de béton
dans la précipitation n'est toujours pas
suffisamment isolé.
LE PREMIER MINISTRE UKRAINIEN APPELLE LA
COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE À AIDER DAVANTAGE SON PAYS
Le premier ministre ukrainien,
Mykola Azarov, a appelé la communauté
internationale à aider davantage l'Ukraine à
surmonter les conséquences de la catastrophe de
Tchernobyl, le pays ayant trop longtemps été laissé
seul face à ce problème. "Malgré les
circonstances économiques difficiles, au cours des
vingt dernières années, l'Ukraine a financé seule
les dépenses visant à surmonter le désastre",
a-t-il déclaré dans un communiqué."Nous sommes
convaincus que la solidarité entre les nations et
les Etats et l'humanisme de la civilisation moderne
ne laisseront pas l'Ukraine sans aide extérieure."
D'après lui, les pertes économiques de l'Ukraine à
la suite de la catastrophe survenue à l'époque
soviétique s'élèvent en tout à 180 milliards de
dollars.
Le 26 avril 1986, à 1 h 23, le réacteur numéro 4
de la centrale de Tchernobyl a explosé au cours d'un
test de sécurité à la suite d'erreurs de
manipulation, provoquant des rejets d'éléments
radioactifs d'une intensité équivalente à au moins
deux cents bombes de Hiroshima et contaminant une
bonne partie de l'Europe.
Pour l'occasion, le patriarche russe Kirill a
célébré dans la nuit de lundi à mardi un office des
morts et fait sonner la cloche funèbre dans une
église à Kiev à 1 h 23, lançant ainsi la
commémoration. Après l'explosion, pour éteindre
l'incendie et nettoyer la zone autour de la
centrale, l'URSS a envoyé en quatre ans 600 000
"liquidateurs" exposés à de fortes doses de
radiation avec une protection minime. Le bilan de
Tchernobyl suscite toujours la controverse.
LE GLAS A SONNÉ À KIEV À 1 H 23

Le patriarche
russe Kirill et le premier ministre
ukrainien Mykola Azarov. AFP/GENYA SAVILOV
Le comité scientifique des Nations unies sur les
effets des rayonnements ne reconnaît que trente et
une morts d'opérateurs et de pompiers directement
imputables aux effets de la radiation, alors que
Greenpeace parle d'au moins 100 000 morts des suites
de la contamination radioactive. D'après le premier
ministre ukrainien Azarov, rien qu'en Ukraine, 2,2
millions de personnes ont le statut de victimes de
Tchernobyl et 255 000 sont officiellement reconnues
comme "liquidateurs".
Le silence officiel soviétique, suivi de
mensonges, a néanmoins contribué à la contamination
de centaines de milliers de personnes,
principalement en Ukraine, en Biélorussie et en
Russie. L'URSS n'a reconnu le drame qu'au bout de
trois jours, après que la Suède atteinte par le
nuage radioactif eut alerté le monde le 28 avril.
De son côté, le Japon a une nouvelle fois
souligné mardi que les accidents de Tchernobyl et de
Fukushima étaient "de nature différente",
selon un porte-parole du gouvernement,
Yukio Edano, s'exprimant à Tokyo. "La
quantité de radioactivité relâchée [à
Fukushima] a été d'environ un dixième" de
celle relâchée à Tchernobyl, a-t-il déclaré.